Épisode 4 : Pourquoi on a peur de la mort ?

Transformation et fermentation avec l’arcane XIII

Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Radio Tarot.

L’automne, donc, la lumière qui décline, les feuilles qui roussissent et tombes, un peu comme si les arbres choisissaient de laisser tomber certaines choses pour pouvoir regrouper leur énergie en leur centre, non seulement lâcher pour avoir moins de poids, mais laisser au sol pour que ça devienne humus.

Ci joint la carte de la mort par cybermonamour pour son futur jeu « le tarot de la grande ourse »

Aujourd’hui, le 1er novembre,

j’ai réussi à résister. J’attaque les majeurs et je commence par la carte de la mort. C’est un peu intimidant de parler des majeurs parce que énormément de personnes l’ont fait. Donc, qu’est-ce que moi, j’ai a rajouter sur cette affaire ?

On a peur, on a peur de la mort, y a un tabou autour la fin de notre corps physique.

Moi, je ne sais pas ce qui se passe une fois que notre corps n’est plus capable de respirer et ce n’est pas vraiment l’objet de l’épisode. Et je ne vais pas faire comme si, c’était pas douloureux. Comme si le deuil, c’était une sinécure. Non, la perte, la transformation, c’est des choses qui peuvent être douloureuses, c’est des choses qui peuvent nous faire paniquer.

En tout cas, c’est des choses qui moi me font paniquer. Si on demande, je pense que je fais partie des personnes qui n’aiment pas trop le changement. On va même j’ai un peu peur. On peut dire plusieurs choses sur soi, on peut dire des choses sympathiques et des choses qui le sont un peu moins. Certes, j’ai peur du changement et en même temps, je suis profondément attirée par les personnes qui ont eu plusieurs vies en une et qui savent les raconter. Qui savent racontés ce moment de bascule, ce moment où illes l’ont décidé de faire autre chose.

La mort, donc, c’est un point de bascule.

Je pense qu’une des raisons pour lesquelles cette carte à la mauvaise réputation c’est notamment la représentation dans la pop culture. Je vous décris la scène. Des protagonistes, un stand assez cliché avec le plus de réappropriation culturelle possible, une femme.

Pas de négociation de consentement, au cinéma, voyance et sexualité, même combat.

Une carte qui se retourne, c’est la mort. Des protagonistes qui ont juste eu un squelette et qui s’enfuient vers la prochaine action de scénariste. Statistiquement, s’il y a une personne qui tire des cartes, il y a 80% de chances que la mort apparaissent et que ça fasse peur. Du coup, à quoi sert cette scène à créer du suspense, à dire que dans la vie, comme dans le scénario, tout est écrit, en plus de participer à la mauvaise réputation de la profession, c’est-à-dire une personne dans un décor vaporeux et orientale, qui sait mieux que tout le monde se passe, qui n’est pas écouté et qui n’a pas besoin de demander qu’est-ce qui amène les personnes-là, parce qu’elle le sait, elle a la science infuse.

Ce cliché là, qui fait que régulièrement, je pense des personnes ne viennent pas me voir, parce que vraiment, ils ont l’impression que je vais leur dire, je sais quand tu vas mourir. Ce n’est pas le cas. En plus, c’est cliché, cinématographique en plus de participer à la mauvaise réputation de la profession, ils sont chiant en soi.

Parce qu’en fait, la mort, c’est pas du tout une carte de suspense.

En général, quand tu retournes une carte et que c’est la mort, tu sais déjà quel est l’endroit où il y a besoin de changement.

Si on suit l’ordre des majeurs,

en sachant bien évidemment que la vie n’est pas linéaire et que les choses ne s’enchaînent pas dans cet ordre là. Mais si on va vers comment a été fabriqué cette structure, comment a été pensé l’enchaînement de ces cartes, de ces thématiques, de ces portes?

On a bien réfléchi dans la carte douze avec le pendu. On a pris le temps d’écouter nos pensées, sans agir dessus, de regarder ce qui se passe d’arrêter les distractions, d’avoir un peu de curiosité sur qu’est-ce qu’il y a derrière le bruit mental que j’essaie d’éviter?

Bien souvent, c’est un désir de transformation.

Ensuite, il y a la mort. Avec la mort, on sait où est-ce que ça tire. On sait où est-ce qu’on ne veut pas entendre, où est-ce qu’on veut agir, plutôt que de recevoir.

Il y a ce moment de transformation on choisit d’aller avec, où à des endroits, on choisit de déposer les armes. Et par là, c’est différent de la tour. Peut-être, j’en ferai un épisode entier, mais pour moi, la tour, c’est un peu dans ta face. C’est quand les éléments extérieurs se liguent ensemble pour nous obliger à se transformer.

Pour moi, la tour, elle arrive si on n’a pas réussi à faire notre travail de deuil,

à faire notre travail de tonne, à faire notre travail avec la mort. Parce qu’on gros, avec la carte de la mort, on peut choisir la décomposition, la fermentation, la tour, elle nous ôte la possibilité du choix.

Arrêtez de résister au processus de transformation.

C’est bordélique, c’est moche. Ça à a voir avec notre sens des priorités, notre identité. Ça vient transformer ce qui conditionnait notre préoccupation. Elle parle de changer, de voir où est-ce qu’on porte de l’attention, de regarder au plus près, de lister qu’est-ce qui ne nous convient plus. Alors, c’est très intéressant que vienne ensuite Tempérance.

Tempérance pour moi, c’est vraiment la carte de l’Alchimie. La capacité à tenir ensemble des choses qui pour n’importe qui d’autre pourraient paraître contradictoires.

Non pas de mélanger, mais vraiment de tenir ensemble.

Des contraires, des contradictions, nous en avons tous et toutes et transformées notre identité, bien souvent, à avoir avec le travail de la contradiction.

Comment est-ce qu’on intègre l’ancien et le nouveau ? Comment est-ce qu’on fait peau neuve ? Tout en restant aussi qui on est ? Parce que je crois pas qu’on puisse faire table rase. Même si la mort invite à une transformation, elle est organique.

Je sais pas comment dire. Pour moi, la table rase c’est un concept qui est plutôt lié aux pièces blanches. Là, on parle de quelque chose d’assez sombre, en dessous, avec de la vie. On parle de décomposition, on parle d’humus, on parle de compostage. En fait, le travail de la mort c’est vraiment un travail de fermentation. Alors, Tempérance, elle nous permet de pouvoir tester des choses. Parce qu’en fait, transformé notre identité, transformé notre sens des priorités, savoir que on veut faire ça parce qu’à la fois, c’est inéluctable et parce qu’à la fois, on m’a de la curiosité. Sur ce qu’il va y avoir après.

Qu’est-ce que ça change ma vie si je fais ça et plus ça?

Et bien ça demande pas mal d’équilibre. Parce qu’on fait sortir des choses de nos vies et en intégrer des nouvelles, c’est un peu comme réapprendre à marcher. Du coup, on va se casser la gueule. Alors autant, avoir une carte qui nous apporte de l’équilibre, qui nous parle de la capacité à faire fonctionner l’ancien et le nouveau, à faire fonctionner, les choses qui n’ont pas l’air d’aller bien ensemble.

Le changement, donc, pour repartir plus légère,

je crois pour commencer à nouveau, le voyage du fou et le faire sans valises. Mais pas sans certaines marques. On recommence pas du même point.

On n’est pas à la dernière sauvegarde. On a des traces.

On a des cicatrices et puis, il y a les traces qu’on choisit. Par exemple, les tatouages. Cette manière, de mettre sous la peau, notre volonté de transformation. Certes c’est pas un jeu vidéo, mais on pourrait dire qu’il y a différents niveaux de travail avec la mort.

  • Le premier, basique, c’est désinstaller cette appli qui nous bouffe tout notre temps.
  • La seconde, c’est trier nos espaces, choisir avec qui on envie de continuer de vivre. Repenser un aménagement qui sert mieux qui nous sommes maintenant.
  • Et puis, il y a cette autre niveau qui est revoir à quoi est-ce qu’on dédite son temps, transformer son identité, arrêter des liens. Et celui-là, il n’est pas facile. C’est celui-là qui fait peur.

Si tu as un jeu sous la main, sort le, et puis, sinon laisse me raconter.

Souvent, les représentations de la mort vont être dans des couleurs assez sombres. Quasi systématiquement, il va y avoir un squelette. Un squelette qui est en mouvement. Et pour moi, la dimension de mouvement nous dit que c’est pas la fin.

Il y a une base, il y a quelque chose qui structure, qui on est, comment est-ce qu’on fait. Et que c’est ça qui nous permet de nous mettre en mouvement. Cette chose qui se répète, qui fait partie de nous, qui est comme à l’essentiel de nous-mêmes. Et souvent, il y a des fleurs. Pour moi, les fleurs et les os, nous parlent de ces contradictions.

D’un côté, quelque chose qui dure, de l’autre, quelque chose qui fane,

Évidemment, les fleurs ont différents rythmes de dépérissement. Et je ne peux pas ne pas noter, que c’est quand même régulier de comparer la beauté féminine avec les fleurs dans le fait que, périment assez vite, mieux vaut se caser tôt.

Si on réfléchit, ce squelette, il ne devrait pas être debout face à nous, en mouvement. Il devrait être sous la terre, en train de nourrir les fleurs.

Assez régulièrement, sur la carte de la mort, il y a différentes générations représentées. Pour moi, ça parle à la fois du processus de vieillissement, la vie, comme quelque chose qui passe, et même, si je ne vois pas l’avenir, je peux dire, qu’on va tous et toutes finir pas mourir. Alors face à cette personnification de la mort, il y a des êtres vivants qui accueillent la mort de manière différente.

La représentation de ces différentes générations, pour moi, parle du lien avec celle de d’avant, celle d’avant qu’on a été, et celle d’avant qui ont été autres.

Et par rapport à ça, j’ai envie de vous parler de Françoise.

Françoise, c’était la grand-mère de mon mec de l’époque. J’avais un nouvel enregistreur, j’étais prête à faire ma première interview où j’étais trop fière de moi. Je me suis retrouvé dans sa cuisine, et elle m’a parlé de sa vie, de ses perspectives sur le monde. C’était ma première fois, et qui dit première fois, dit, on se trompe. Alors, cet enregistrement, cette première interview, ça n’a pas marché. Je n’ai pas de son.

J’ai juste les souvenirs de notre échange.

Sa voix, dans ma tête. Ses yeux, qui pétillent, en me racontant sa première action de tag pendant la seconde guerre mondiale.

Sa joie, lorsque la puissance de la lutte a permis que l’avortement soit légalisé en France. Ces années de travail au planning familial pour informer, créer des échanges.

Et à sa retraite, son action dans l’association pour le droit à mourir dans la dignité.

Le public, le cadre change, mais pas le centre.

Sa volonté de partager l’information sur les droits et la liberté de disposer de son corps. Françoise a eu plusieurs vies en une, et j’ose imaginer, que ces décisions n’ont pas été que simples, car arreter le connu, arrêté d’être à l’endroit où elle avait appris à faire, mais elle n’a pas été facile. Et à la fois, elle a su, tout au long de sa vie, entamé de nouvelles choses.

Alors c’est bien joli de parler des autres, mais qu’en est-il de moi?

Un jour, un peu sur le tard, j’ai réalisé que j’étais lesbienne. Bon, déjà c’est pas vraiment un jour ou une nuit, c’était une collection de moments de rencontres, d’interactions, de doute, de refoulement, et tout ce qui va avec une grande réalisation. Et puis, j’ai plutôt une impression de dire oui à une nouvelle vie que Ciao a l’ancienne.

Mais indéniablement, en abonnant mon hétérosociabilité, il y a eu une transformation, une perte de privilège et de la place pour temps de nouvelles choses. Tout ça, ça s’est pas fait un un jour, mais je me rappelle précisément le moment où je me suis dit, je suis lesbienne. Je n’ai pas de doute là-dessus, je n’en ai plus. Et pour moi, ça, c’était un moment où je suis dit, que je n’ai pas eu une nouvelle version et il y a eu la carte de la mort. Ce moment vraiment précis ou tout est clair, un moment un peu suspendu.

Ça a été sombre, avant, ça a été plein de revirement et puis là, hop ! C’est très clair. Et après, ça va être de nouveau le bordel parce qu’il va falloir voir qu’est-ce que ça transforme dans ma vie ?

  • Qu’est-ce que ça change ?
  • Comme j’ai envie d’interagir en changeant cette partie-là de moi-même?
  • Quand est-ce que je le dis? Quand est-ce que je ne dis pas?
  • Comment est-ce que je relis mes expériences passées?
  • Comment est-ce que j’interagis avec les autres personnes?
  • Et puis, qu’est-ce que ça crée de ne plus être dans l’hétérosociabilité?

En tout cas, ça m’amène ici à parler de la mort, en tant que queer, A célébrer le changement parce qu’il nous fait bouger et grandir.

Alors, la prochaine fois que je me vois en train de dire, je n’aime pas le changement. Ben je me rappelle de ça, je vais me rappeler que même s’il a été douloureux, je suis bien plus content de ma vie actuellement.

Ce que je trouve le plus intéressant avec les tarot, c’est de voir qu’elles sont les questions que la carte pose. Alors pour la mort, j’ai une petite liste n’hésitez pas hein vous pouvez vous les poser a peu près n’importe quand et en particulier quand la mort apparaît dans un tirage.

  • Qu’est-ce qui ne me sert plus, ne me nourrit plus, ne me stimulent plus ?
  • Qu’est-ce qui est fait pour d’autres et pas pour moi ?
  • Qu’est-ce que je dois changer, même si ça fait partie de mon identité ?
  • Où est-ce que je tente d’éviter l’inconfort ?
  • Où est-ce que je souhaite ne plus être rassurante parce que ça me coûte trop ?
  • Où est-ce que je veux, doit faire autrement à raconter autre chose, peut-être faire exactement la même chose, mais sentir que c’est parce que je l’ai choisi ?
  • Quels sont les réflexes que je ne veux plus avoir ?
  • Où est-ce que je sens que ça tire ?
C’est pas souvent qu’on a le choix de marquer une fin,

de choisir une date et de dire adieu, de trouver, c’est quoi la suite de gestes qu’on y a ceci, leur symbolique. C’est quoi les mots qui n’auront assuré et nous font grandir. Faire de joli fin, pour soi, pour les autres. En sachant que même si on est concentré sur le proche, sur ce qui n’est plus là, à un moment on va relever la tête et regarder avec curiosité ce qui s’en vient.

Alors bon, il y a les bonnes résolutions de janvier ou de septembre.

Mais, est-ce qu’on y croit, franchement? Aussi parce qu’elles sont multiples, il y en a plein. Alors que moi j’ai l’impression que si on veut faire de la transformation, il faut attaquer un endroit évidemment, il va y avoir des répercussions à plein d’autres, mais c’est important de trouver l’axe, de trouver l’endroit où ça tire, l’endroit où il y a besoin que ça change leur endroit où c’est déjà en train de se déliter, en fait,.

Et ne plus résister à ça, se dire très bien, c’est ça qui se passe, c’est ça qui bouge. Je vais avec. Je ne résiste pas.

Dans mon domaine, les soins non-cartésiens, on nous propose beaucoup de créer des rituels pour dire, bye bye, à ce qu’ils nous empêchent, que ce soit en écrivant puis bruit long, nos croyances limitantes, en se répétant ce qu’on veut voir advenir. C’est super, mais la plupart du temps, on fait ça seul.e. C’est un peu une pratique domestique.

Inventer des rituels pour dire au revoir d’accord, mais comment le faire ensemble.

Parce que ce qu’on traverse comme injonction, comme limitation n’est pas individuelle. Bien souvent, les endroits où ça tire, c’est dans les liens avec les autres, ou dans l’incorporation d’anciens discours sur nous-mêmes, qu’on se répète.

Alors, comment je dis au revoir et en compagnie de qui, si on parle de mort physique, les espaces sont des ritualisations collectives. Et c’est au sein de nos communautés LGBT, que j’ai vécu les choses les plus justes, respectueuses et créatives, que ce soit les sœurs de la perpétuelle indulgence, Act-up, les collages, ou nos morts et mortes intimes. Et oui, on voudrait plutôt avoir des sœurs vivantes que des martyr.e.s pour nos luttes, mais se souvenir de celles qui ne sont plus, de celles qu’on a été, c’est nécessaire, pour se rappeler qu’on a toujours existé et qu’on continuera d’évoluer.

C’est la fin de mon épisode. Et j’avais envie de vous quitter, en vous disant que, en fait, la mort c’est pas prédictif, ça vient juste révéler qu’il est temps de changer. Ça va pas être que simple, mais un moment on pourra dire que c’est pour le meilleur.

Tu viens de lire l’épisode 4 de Radio Tarot, merci pour ton attention et ton écoute et si tu penses que cet épisode peu nourrir une autre personne prends ton téléphone et envoi lui le lien. Au mois prochain

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